Les atouts de Tatie

Je ne te l’ai pas dit je crois, Tatiana s’est installée chez moi.
C’est une jolie moldave de 26 ans, grande brune que j’ai connu chez des amis qui l’hébergeaient.
Je n’aurai pas du hein ?
Bon, elle est là maintenant. On parle anglais à la maison, le sien n’est pas meilleur que le mien mais on s’applique, on regarde des series en vo, et finalement on communique bien. Pour le moment elle a sa chambre. Je dis pas que j’aimerais pas qu’elle dorme dans la mienne, ça se fera peut-être.
Elle est bien contente que je ne la harcele pas d’ailleurs, parce qu’elle est en vacances de sexe. Elle sort de 6 mois de prostitution plus ou moins forcée. Elle savait bien qu’elle venait pour ça à Marseille, mais elle en a eu vite mare, et de son copain maquereau surtout. C’est de lui qu’elle se cache et de gens que je comprends assez infréquentables. Les voisins me regardent bizarrement, mais des vieux qui s’achètent une femme de l’est ça se voit, et je crois que ça ne va pas faire frémir trop fort dans le quartier.
On mange des sallades, des patates et du bortsch. Elle a besoin de courir beaucoup, du coup je cours aussi et je suis en pleine forme.
Si le petit copain ne la retrouve pas, tout ira bien 🙂

Ce matin, ce qui devait arriver est arrivé. Un gars plutôt balèze est allongé dans le salon avec un filet de sang qui lui coule de la tête. Il ne bouge plus du tout et Tatiana a encore ma crêpière en fonte dans la main.
Je lui tate le poignet, ça ne circule plus du tout la dedans. Faut pas lui chercher des problèmes à Tatie apparemment.
Elle me dit en tremblant un peu quand même, qu’elle est désolée. Ce type, une relation de son ex, l’a repérée sur le marché, et l’a suivie.
Pas assez discrètement donc. Elle ne lui a pas laissé le temps de raconter sa vie.

On le fouille. Son téléphone se déverrouille avec son pouce mort, on vérifie, il n’a pas envoyé de message ou appelé qui que ce soit, ça c’est super bien, c’était pas un geek.
On s’attendait à quelque chose dans le genre, mais je suis quand même impressionné par notre calme. Je dis qu’on va le mettre dans mon fourgon et qu’on ira cette nuit le balancer à la mer. Elle dit d’accord.
J’ai déchiqueté ses papiers moldaves très colorés et détruit son téléphone. Tatiana fait un paquet avec le corps et nettoie la tache de sang avec force javel au moins 5 fois. Les series policières éduquent les criminels !
Pas de quoi s’inquiéter.

On roule en silence et on arrive par une nuit noire. C’est un bon coin pour pêcher et ramasser des palourdes. Les courants poussent au large et on peu se garer à quelques mètres du bord de mer. L’endroit idéal pour mettre à l’eau un corp mort. Saucissonné avec du cable electrique, lesté avec de la fonte et suspendu à deux ballons de baudruches qui le feront flotter un peu, on voit le pauvre garçon s’en aller vers le large, doucement. D’après mes calculs il ne va pas tarder à couler, le fond de mer bien profond ici va lui faire un lit sombre et tranquille. Il n’y avait personne, la nuit était noire, tout s’est super bien passé !
La belle Tatiana tremble un peu et je l’a serre un moment contre moi. On a reprend le van et on roule 1 heure pour marquer la distance. Un petit chemin à l’entrée d’un village, un terre plein à l’écart, on va se poser là pour attendre le jour. La banquette dépliée nous fait un lit et une couette nous enveloppe, ses fesses sur mon ventre, ses cheveux sur mon visage. On n’a pas dit un mot depuis la mer. Au bout d’un temps elle dort je crois puisqu’elle ne tremble plus.
Je suis partagé entre des sentiments de satisfaction et d’inquiétude. Dans quelle galère ?

Je ne sais pas si c’est la fatigue ou l’abstinence , mais j’ai rêvé qu’une femme se glissait dans mon lit.
C’était La belle Tati qui me caressait dans la vraie vie ! Pour se détendre, elle me dit. Il est déjà dix heure et un petit soleil commence à faire monter la température. En 30 secondes il fait très chaud. Le danger, le stress, toute cette électricité accumulée me donnent une trique en fer du réveil et l’envie de m’en servir. Je ne vais pas te mentir, ça n’a pas été spectaculaire. La belle a fait comme une grimace et incliné la tête. J’ai senti son sexe se resserer, ça m’a fait jouir. On a pas eu d’effusion ni passé du temps à débriefer, en 3 minutes on était opérationnel et le moteur en route.
Moi j’ai besoin d’un café le matin. Alors on s’arrête dans un de ces bistrot à l’ancienne du centre village. Ya des croissants, et je la regarde.
Une mâchoire carrée, un nez pointu, une bouche tombante qui lui donne un air triste. Ses cheveux qu’elle a mis en chignon sont trop noirs. Elle est jolie, mais ses yeux me frappent, des yeux sans lumière, des yeux vides, inquiétant et des sourcils sans poil que je n’aime pas.
Je dis bon, pour le moment tout va bien. Chez moi c’est plus assez tranquille mais on va rouler vers Barcelone, je dois voir un client là bas et demain est un autre jour. Elle ne dit rien qu’on sent, c’est qu’elle est d’accord.

On sort de l’autoroute en arrivant en ville. Je ne sais pas si la paranoïa protège des emmerdes mais ça eveille le niveau de suspicion. Cette voiture blanche aux vitres teintées par exemple, je jurerais l’avoir dans le rétroviseur depuis un bon moment, et ça ne manque pas, elle sort en même temps que nous. Mais vingt sens interdits, 200 feux rouges, et des changements de files plus tard, la voiture a disparue, froussard. Je me gare enfin dans la rue d’Adolfo, je m’occupe du park mètre, Tati est encore sur son téléphone dans le van, et du coin de l’œil, je la revois, dans une transversale, aux aguets. C’est bizarre, comment aurait elle pu nous suivre, nous devancer dans cet embroglio de routes improbable. C’est ce putain de téléphone, il est vérolé, un mouchard bien sûr !
Je vais chercher ma brune calmement, et je l’emmène mine de rien. Je nous éloigne de chez Adolfo et tout en marchant je surveille deux types qui maintenant nous suivent de loin. Je prends le téléphone des mains de Tati qui en reste bête, et je l’éteint avant de le lui rendre un roulant des yeux et en posant mon index sur la bouche. Elle est loin d’être conne, elle comprend.
Reste à fausser compagnie aux deux galavards.

On tourne à droite comme si rien n’était, et on court à toutes berzingue jusqu’à une autre calle à gauche, puis a droite, une ruelle catalane bien étroite, encore une et je pousse Tatiana dans une bodega de quartier. Il y a plus de touristes que de catalans à 15h, l’heure de la sieste. On s’installe au fond, avec vue sur la porte et accès aux gogues. Avec un peu de chance on les a semé. Avec une option scoumoune on est mal. On peut acheter des bols avec nos noms et des casquettes ‘love BCN’, je choisi un bob et une casquette. On prend un air hollandais, j’espère que ça change un peu nos têtes, de loin…
On passe deux heures à boire des horchatas et des jus d’orange. J’appelle Adolfo, qui est un brave garçon. Il adore l’idée de participer à une histoire d’espions que je lui invente. Sa boîte de sécurité informatique vivote grâce à moi, il n’arrive pas à me payer, mais je l’aime bien. Je lui propose un deal, son ardoise contre sa vieille fiat ! Il est trop content, et moi aussi. Je lui donne rendez-vous sur Arago.
Bob sur la tête et teeshirts PuraVida sur les épaules, on se retrouve à attendre la panda antique de notre sauveur. Il a pris de la brioche et perdu des cheveux mon bon Adolfo, mais il est tout sourire et il se prend pour oss. Il bave des compliments à Tati qui ne comprends pas un mot d’espagnol, et m’explique les précautions nécessaires à sa brave machine. On s’échappe finalement et on fonce vers le sud.
Tati a une adresse. Une copine moldave qui bosse à Valencia!

Sans son téléphone elle est à peine plus bavarde. Je n’arrive pas à savoir si elle ‘seulement’ en fuite d’un réseau de prostitution ou si elle me cache quelque chose. Elle me pique finalement mon appareil pour échanger des messages avec sa copine. On s’approche d’un quartier a l’est de la ville, plutôt populaire, la nuit y a l’air calme et je trouve un coin pour notre carrosse.
Christina est belle. Alors oui, on dirait qu’il n’y a que des jolies filles dans mon histoire, mais elle est très belle, très maquillée, avec de longs cheveux chatains et elle est toute nue à part un soutien gorges en lanières autour des seins. Elle embrasse Tatiana, lui fait signe de ne pas faire de bruit, et elle retourne sous des projecteurs, gesticuler lacivement en musique devant une webcam.
On se réfugie dans la petite cuisine, Tati ferme la porte et me dit que sa copine passe ses nuits à poil sur le net et gagne pas mal sa vie comme ça. Presque autant que dans un bordel et beaucoup plus libre de ses fesses. Elle vient de temps en temps boire un verre avec nous et me designe un canapé ou je peux dormir. Tatiana ira dans son lit, avec elle. Bon, je ne me fait pas prier, je me déshabille et m’enfouie dans un drap rose pour récupérer. Ça m’étonnerait bien que ça s’arrête là.

J’ai mis un moment à tourner des questions dans ma zone pensante. Je ferai bien de me tirer et les laisser là. Tati a quand même tué un gonze, chez moi, et on se fait courser par des olibrius dont je ne sais rien sauf que je préfère qu’ils ne nous trouvent pas. Mais je m’endors, ça je le sais bien, parceque je me fais reveiller. C’est un truc à vivre de temps en temps, un reveil tout en douceur, par des mains et des bouches. Les deux copines font le travail en équipe. Tati m’embrasse et Christina met mon appareil en tension . Deux bouches, quatre mains, je ne lutte pas. A travers des cheveux noirs qui me cachent la vue, je vois onduler un joli corps assis sur moi. J’ai déjà rêvé de ce paysage et je pose la main dessus, il est doux et plein de muscles qui bougent. Tatiana sais que j’aime ses doigts sur mes seins, elle se pose sur ma bouche en me tirant sous elle par les tétons. Je devine les deux filles qui s’embrassent la haut, et le poids des deux corps sur mon sexe qui monte. Je ne me laisse pas enlever facilement, elles ne me gagnent pas sans combat. Il a fallut le temps que je fasse aller loin cette chevauchée pornographique, mais j’ai joui volcaniquement. Christina arrête très lentement ses mouvements, elle se déplie comme un oiseau précautionneux et sans dire un mot elles s’éclipsent toutes les deux, mabandonnant comme un vieux tube de dentifrice. C’est pas la première fois qu’on essaie de me faire un enfant, mais c’était la meilleure. Je ne suis pas fâché de ma vasectomie, tant pis pour ma descendance. Je me replonge dans mon someil interrompu, demain n’est plus très loin.

La lumière du jour me réveille dans un appartement bien silencieux. Les deux filles dorment encore, en chien de fusil dans une grande chambre bien rangée de rose girly.
Pas de cafetière dans la cuisine, des yaourts bio dans un frigo clairsemé. Je prends mes cliques et je claque la porte tout doucement. Je suis sur de trouver un bar dans le coin. Une assiette de tortilla et un café au lait plus tard je me connecte et j’ausculte au mieux les appareils qui sont chez moi. Ai, ça ne sent pas bon. Mon serveur est mort ainsi que la camera du bureau. Le portier a eu le temps d’enregistrer trois silhouettes cagoulées et un coup de marteau. Il était 22h37 hier soir. A 42, la dernière communication avec le serveur en ligne, interrompue brutalement.
Une vue du jardin me montre ma pauvre porte grande ouverte dans du verre cassé. J’envoie un message à mon artisan favori, je lui dis cambriolage, fermer les portes cassées et faire gaffe qu’il n’y a plus personne. Il saura faire. A part ça, rien de suspect. Je termine mon verre et je retourne à l’appart des princesses charmantes. Zut, la porte est cassée aussi.

J’écoute attentivement le silence derrière la porte forcée et amorce un repli stratégique par les escaliers. Stupide. Je m’arrête au 1er étage et je fonce au fond du couloir. Il y a un autre escalier, je sors par là en tournant tout de suite à droite, en suivant mon instinct qui me fait courir. Au bout d’une moment mon instinct me dit, un peu calmé, d’aller voir si la voiture est toujours là. Elle y est. Pendant que je démarre, Tatiana en embuscade me rejoint, blafarde. Son karma l’a encore sauvé. Elle a vu sortir deux types de l’immeuble qui traînaient Christina en revenant d’acheter des cigarettes. Comme quoi, fumer ne tue pas toujours.
Elle les a vu monter dans une voiture et partir le long de la Turia, vers le nord. Je lui demande si elle a toujours son téléphone et elle baisse la tête. Cette andouille l’a rallumé.

L’addiction aux réseaux est devenue plus meurtrière que le tabac. J’espère que cette pauvre Christina va s’en tirer, mais on ne peut rien pour elle.
On fonce, au mieux de la Panda vers le cœur de l’Espagne, le pays profond, peuplé de retraités et de petits paysans, où les mauvais garçons n’ont rien à se mettre sous la dent.
On sera à Teruel dans 2 heures. C’est une ville médiévale mais je trouve une chambre cuisine indépendante, avec du réseau. Il faut que je fasse quelques recherches et recoupements. J’enlaidie Tatie du mieux que je peux, bob, lunettes, écharpe. Une jolie fille ça laisse des traces. Mais le proprio ne vient pas jusqu’à la voiture et me laisse les clefs avec le sourire. On s’installe , les filles sous la douche et les mecs dans le wifi. J’espère trouver une image exploitable dans mon cambriolage d’hier soir. Je fouille mes archives, je revois les 3 gars en cagoule, mais ils ne les ont enfilées qu’en face de la porte, la caméra jardin me donne deux sales têtes, un peu sombres mais exploitables. J’ai une voix aussi qui dit des choses en russe je pense, et surtout j’ai une audi et son immatriculation qui s’est faite enregistrer en passant devant ma porte 3 minutes avant !
Tout ça prend un temps fou avec si peu de matériel, mais j’ai confiance en lançant la deuxième phase. Une des deux têtes sort d’une base de données policière à laquelle je ne devrais pas avoir accès et la voiture, très chouette modèle, appartient à une société de gardiennage basée à Lille avec une antenne à Marseille.
Une nuit de repos ne sera pas de trop pour réfléchir à tout ça, je vais essayer de nous surprendre.

C’est pas pour me vanter mais je suis très efficace quand je dors. J’ai passé une nuit excellente, à côté d’une jeune femme splendide – appaisé en ce qui concerne le sexe pour le moment – et le crâne fourmillant.
J’ai fait une razzia au Mercadona du coin, on va rester deux ou trois jours ici sans se faire remarquer. Je met un mug de café sur la tablette de Tati qui traine au lit et je me plonge dans ma machination.
Je ne vais pas étaler ma science ni dévoiler mes sources. Disons, pour parodier Picasso, que ce ne sont pas 48h de travail, c’est l’expérience d’une vie qui fait la différence.
Prenez un expert en IA et sécurité réseau, des connexions très confidentielles avec des informations qui devraient être mieux protégées. Pressez le tout avec des menaces, de la détermination et de la rancune. Mélangez avec des outils informatiques enviés par tous les services secrets , ajoutez un soupçon d’orgueil et une pincée de chance.
Je reconnais que la chance a joué un peu, ou l’incompréhension de mes adversaires des enjeux moderne des systèmes organisationnels. Bref, je crois qu’ils sont mal.
J’ai réussi à transformer cette bande de maquereaux qui sévi depuis dix ans en Allemagne, France et Espagne en une dangereuse organisation terroriste. J’ai créé des preuves de leurs activités très répréhensibles dans des recoins du réseau où on va les trouver pendant encore des semaines. Trois cellules interpol sont déjà mordu et sont en alerte, je pense que les premières interpellations ne vont pas tarder.
Mais dans leur incompétence il y a la source d’un problème. Une organisation à l’ancienne ça a de l’inertie. Suivant les biais les moins optimistes, il y aurait une dizaine d’individus déconnectés, des hommes de main ponctuels, des electrons libres. Pour notre sécurité objective, il va falloir laisser agir ma purge quelques temps avant de rentrer en France. l’occasion de vacances ?

Tatiana a mis un tablier, rien d’autre, et une odeur de azafrán flotte dans l’appartement, vive la cuisine espagnole. J’ai les yeux tout rouges et secs, des douleurs cervicales, une faim de loup et des pulsions sexuelles !

Je sais bien que cette série de cartes postales a des airs de pure fiction, mais tout est vrai. Tu es la seule à qui je peux raconter ma vie sans crainte 🙂
Je t’embrasse.